lundi 23 juin 2008

Première piqure de moustique

qui forme une petite tumeur sur ma peau.
Premier meurtre de la saison. Avec préméditation. Ma main qui claque soudainement et brise l'insecte.
Première baignade. Epiderme brulant rincé à grandes eaux glacées. Retombant inexorablement. Du sol au sol après une brève poussée vers le ciel. Soubresauts qui amusent les gosses.
Premier sorbet. Biologique sur cornet industriel.

Première envie de me barrer.

dimanche 22 juin 2008

Je n’abandonne pas ce papyrus.


Il entre seulement et solennellement dans une phase d’attente(isme). En espérant que cette inactivité lettrée redevienne vite activité. Après quelques coups de pédales et de soleil en Alsace peut être. Je suppose que cela ne tient qu’à moi. Comme le reste…
Chargée de bagages déprimants, je regagnerai mes pénates pour un été sur le bord de la carte, les yeux tiraillés entre une pile de cours pas suffisamment ressassés et un code de la route trop longtemps redouté et écarté. En priant pour deux franches réussites. Et en oubliant la médiocrité complaisante et mes complaintes habituelles.
Je n’exclue cependant pas l’intermède et quelques instants de vraies vacances de mes perspectives.
Haut les cœurs ! Au moins, j’ai un objectif pour m’abriter de la morosité et de mes avilissements estivaux !
Je vais tâcher de croire en moi cette fois.

Piero di Cosimo - La mort de Procris
(Non pas que je sois d'humeur funeste mais je n'avais pas de résurrection picturale sympa sous la main.)

lundi 12 mai 2008

Inefficace et lasse.

Je brasse du rien. Je traine, je peins. M’inspirant de Zhao Mengfu. Que je n’aime pas beaucoup.
Je viens d’égoutter mes pâtes. Avant qu’elles ne s’écrasent sur le sol.
Pas de bol.
Des spaghettis flasques trainent sur le lino. Envie de m’étendre et d’attendre que quelqu’un vienne nous ramasser et nous jeter.

Tu voulais des nouvelles Quentin ? En voici.
Ordinateur noyé, carte de crédit opposée et perspective de deux rattrapages à enchainer.

Et plus rien à bouffer.

lundi 14 avril 2008

sabishii zo hitori - Gohon no yubi - o hiraite miru


solitude
j'écarte mes cinq doigts
histoire de voir





Hosaï Ozaki et Ma Yuan

mardi 25 mars 2008

Magnétophone


La nuit, dans une voiture.

Une conductrice consciencieuse s’adresse à sa passagère :

-Appelle-moi dés que tu es arrivée chez toi. Je veux être sûre qu’il ne te soit rien arrivé.

- Si ça peut te rassurer, le seul violeur potentiel qui erre dans le coin, c’est mon frère. L’ombre de l’inceste devrait le dissuader de commettre l’irréparable.



lundi 17 mars 2008

J’ai failli failli mourir en tant que martyr de la foi chrétienne.


A la veille du dimanche des rameaux célébrant l’entrée du Christ à Jérusalem, vêtue de mes fripes de pèlerine, je me suis rendue dans le sein de la sainte cathédrale de Chartres, joyau cultuel serti de mille verrières multicolores. J’y ai passé de longues et froides heures en studieuse compagnie.
Et hier matin, qu’apprends-je ? Que ce samedi même, l’édifice fut la cible de menaces émanant d’un dangereux groupe sataniste qui avait truffé le lieu d’explosifs. Aussitôt, mes fantasmes se mettent en branle et accusent Sayed Ali, Dimitri Gredenko, Habib Marwan, Vladimir Bierko où autres cruels maroufles ayant un faible pour l’arme nucléaire. Je ne peux m’empêcher d’imaginer Jack Bauer courant dans la nef, tapi dans les absidioles, le flingue dans une main, le portable dans l’autre, (« Damn it Chloé, fais moi une couverture satellite ! »), désamorçant l’engin au dernier moment et sauvant ce lieu cultuel et ma vie terrestre d’une fin certaine.
J’avoue, j’ai soupçonné Denis Bruna, notre bégayant professeur d’art médiéval de nous avoir volontairement attiré dans un guet-apens, tel une Nina Myers dégarnie. (« Allez à Chartres les enfants, il y’a une excellente confiserie ! »)
Mes délires apocalyptiques s’effondrent lorsque j’apprends que les explosifs qui auraient pu me faire entrer en paradis par la grande porte étaient en fait des faux, dissimulés sous un monticule de terre rappelant vaguement la forme d’un pentacle. Probablement l’action de petits malins en quête de distraction. Notons que ces derniers avaient également (et fort vicieusement) balancé un tube de cuivre dans le puits de l’évêché. Pour se désaltérer, le clergé va devoir se rabattre sur le vin de messe, ce qui laisse présager des chants liturgiques plus olé olé que de coutume.
Je suis maintenant sûre qu’il s’agit d’un coup des gothiques du parvis de la cathédrale de La Rochelle, adeptes de messes noires à très petits budgets. Tu peux reprendre l’avion, Jack.


En tout cas, j’ai failli manqué là une belle occasion d’être sanctifiée. Vous n’auriez bien sûr pas manqué de confirmer ô combien j’étais dévote.

samedi 1 mars 2008

Through the looking-glass

A vous les parisiens,
Vous arrive-t-il de errer derrière les bureaux de la BNF ?
Le coin est magique.
Sous un vent qui ne rencontre aucun obstacle, un dragon s'enfonce dans les entrailles grises de la Terre. Il garde deux colosses solitaires, taillés dans une matière miroitante.
On s'approche d'une tour, sans la lâcher des yeux pour s'imprégner de sa hauteur miraculeuse. Des nuages pollués défilent, s'immisçant partout, décalquant le ciel sur les parois siliceuse du building.
A ses pieds, on distingue à peine l'édifice de son fond d'ozone. Quelques lignes seules transpercent la brume.
On bascule la tête vers l'arrière, on s'étend sur le sol. Sol que notre épine dorsale a tôt fait d'oublier. Tout comme les tristes concepts d'horizontalité et de verticalité.
La vision se brouille. La gravité s'embrouille. Il me suffirait de tendre la jambe pour courir sur cette immense plaque vitrifiée. Je fonce.
Tomber dans le ciel encore. Délicieux vertige.
Un coin de Paris à usage unique.
Assorti au film Cloverfield visionné au MK2 bibliothèque.
Les tours s'écroulent.
Le dragon s'est fâché.

Photo : Souvenir d'Ottawa